Deuxième branche : nature de la filiation

En 1877, Amédée LE GALL du TERTRE et Hortense Marie RECOURSÉ se marient et légitiment trois enfants. Ces légitimations sont tardives, dix années se sont écoulées depuis la naissance du premier enfant du couple. Ce contexte suscite quelques interrogations quant à la nature de la filiation de la deuxième branche. Ainsi, s’agit-il d’une légitimation par des parents naturels ou d’une légitimation de complaisance ? En d’autres termes les descendants de la deuxième branche sont-ils issus d’une filiation biologique ou ont-ils été adoptés ? Explications

Contexte et interrogations
Hôtel de ville de Rennes

Le 14 mai 1877, Amédée LE GALL du TERTRE (N°32) et Hortense Marie RECOURSÉ (N°33) se marient dans les salons de l’hôtel de ville de Rennes.

Cette cérémonie légitime trois enfants :

  • Aimé RECOURSÉ (né le 20 septembre 1867 à Rennes)
  • Ernest RECOURSÉ (né le 4 mai 1873 à Rennes)
  • Emilie RECOURSÉ (née le 5 mars 1875 à Rennes)

Toutefois, ces légitimations sont tardives. Dix années se sont écoulées depuis la naissance du premier enfant. Ce contexte suscite des interrogations quant à la nature de la filiation de ces enfants et plus généralement sur les descendants de la deuxième branche. Ainsi, s’agit-il d’une légitimation faite par des parents naturels ou d’une légitimation de complaisance ? En d’autres termes, les descendants de la deuxième branche sont-ils issus d’une filiation biologique ou ont-ils été adoptés ?

La mémoire familiale

Pour répondre à cette interrogation sur la nature de la filiation, il n’est malheureusement pas envisageable de solliciter notre mémoire familial. En effet, notre ancêtre direct, Aimé LE GALL du TERTRE (N°16), décède un an après la naissance de son fils Alexandre (N°8). Par ce fait, peu d’éléments au-delà de cette génération nous sont parvenus.

Dans ces conditions, seules les archives vont nous permettre de répondre objectivement à nos interrogations. Cependant, les fonds conservés sont multiples et, pour ne pas se disperser, nous n’avons utilisé que les archives d’état-civil et les recensements.

L’acte de mariage et les transcriptions en mention marginale

Ainsi, dans un premier temps, nous avons consulté attentivement les actes issus de l’état-civil. L’acte de mariage et les transcriptions reportées en mention marginale des actes de naissance des enfants légitimés nous apportent un premier indice intéressant. Les enfants sont déclarés comme des enfants naturels de leur père et mère.

Mention marginale de l’acte de naissance d’Aimé

Cette mention, peu fréquente sur les actes de légitimations relevés à Rennes, atteste d’une filiation biologique. Toutefois, le temps écoulé entre la première naissance et la légitimation ne permet pas de confirmer de façon certaine la nature de la filiation.

Les recensements

L’étape suivante a pour objectif de démontrer que Amédée LE GALL du TERTRE et Hortense Marie RECOURSÉ se connaissent avant la première naissance. C’est pour cela que, dans un deuxième temps, nous avons consulté les recensements.

Description de la ressource

Ces listes nominatives, établies tous les 5 ans, fournissent de précieuses informations à caractère historique ou généalogique. Elles indiquent pour chaque commune, par rue et par foyer, les noms et prénoms de chacun des habitants, leur profession, leur place dans le ménage (chef de famille, épouse, fille, fils, domestique, etc.) et, selon les années, l’âge ou l’année et le lieu de naissance, la nationalité et même, pour l’année 1851, les infirmités et la religion.

Cependant, pour utiliser efficacement cette ressource, il est indispensable de connaitre, pour l’année du recensement, l’adresse du foyer étudié. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Les recensements réalisés à Plélan-le-Grand

Sur la base des actes d’état-civil collectés, nous savons que les membres de la deuxième branche sont domiciliés sur la commune de Plélan-le-grand depuis les années 1820. Après une recherche rapide dans le recensement de cette commune pour 1866, nous trouvons l’information souhaitée. A cette époque, la famille habite le manoir du Pont-Muzard.

La composition du ménage est intéressante. Hortense Marie RECOURSÉ est une des domestiques du foyer. Ce document prouve qu’Amédée LE GALL du TERTRE et Hortense Marie RECOURSÉ se connaissent et cela 15 mois avant la naissance de leur premier enfant.

AD35 – Recensement de Plélan-le-Grand – 1866

Ce deuxième élément corrobore les arguments collectés dans l’état-civil en faveur d’une filiation biologique des enfants du couple.

La liste nominative est lacunaire pour 1872. La suivante, celle de 1876, nous apprend qu’Amédée LE GALL du TERTRE et Hortense Marie RECOURSÉ ne composent plus le foyer. Ils ont même quitté la commune de Plélan-le-Grand.

AD35 – Recensement de Plélan-le-Grand – 1876

Mais vivent-ils toujours ensemble et avec leurs enfants les années suivantes ? Et dans l’affirmative où ?

Les recensements réalisés à Rennes

Sans adresse connue pour ce couple, c’est l’état-civil qui va nous permettre de rebondir sur une autre commune. Ainsi, l’acte de naissance de Aimé est dressé à Rennes en 1867. Malheureusement, aucune adresse de domiciliation n’est mentionnée.

C’est donc l’ensemble du recensement de la ville de Rennes que nous avons dû consulter. Et à l’époque la population de la commune est d’environ 53 000 personnes réparties sur 4 cantons.

Après une longue recherche, nous retrouvons des informations sur le couple dans le recensement de Rennes établi en 1872. A cette époque, ils demeurent rue Lanjuinais, chez Mme GALLAIS.

AM Rennes – Recensement de Rennes – 1872

Les informations recueillies sur ce recensement sont importantes. En effet, le document atteste qu’Amédée LE GALL du TERTRE et Hortense Marie RECOURSÉ vivent en union libre avec leur premier enfant. De plus, il est inattendu de noter qu’Aimé porte le nom de son père alors que la légitimation officielle n’aura lieu que plusieurs années après.

Afin de compéter ces informations, le recensement effectué à Rennes en 1876 est consulté.

Le couple habite toujours rue Lanjuinais, mais le foyer s’est agrandi. Ernest et Émilie sont nés. Comme sur le recensement précédent, les enfants portent une nouvelle fois le nom de leur père. Alors que la légitimation n’aura lieu que l’année suivante.

AM Rennes – Recensement de Rennes – 1876
Nature de la filiation de la deuxième branche

Cette recherche nous a permis de prouver :

  • qu’Amédée LE GALL du TERTRE et Marie Hortense RECOURSÉ se connaissent 15 mois avant la naissance de leur premier enfant.
  • qu’ils vivent en union libre de 1867 jusqu’à leur mariage.
  • que les enfants du couple portent le nom de leur père bien avant leur légitimation.

En conclusion, toutes ces informations prouvent que les enfants d’Amédé LE GALL du TERTRE et de Marie Hortense RECOURSÉ sont des enfants biologiques bien que leurs légitimations soient tardives.

Remarque concernant Edouard Marie RECOURSÉ

Au cours de nos recherches, un quatrième enfant d’Hortense Marie RECOURSÉ a été identifié. Il s’agit d’Édouard Marie RECOURSÉ né le 16 avril 1870. Mort en bas âge le 12 août 1870, il ne sera pas légitimé. Cependant, les éléments collectés au cours de cette recherche nous permettent d’affirmer qu’il est également un enfant biologique du couple.